Bill Pritchard

Welcome back pour un nouveau dépoussiérage des 80’s avec Bill Pritchard et son 4^e album « Three months, three weeks and two days » sorti en 1989 et produit par Etienne Daho.

Bill Pritchard est né en 1964 près de Birmingham. Bercé par la nouvelle vague et les tubes des années 60 et 70, notamment d’artistes français, tels que Françoise Hardy ou plus tard Véronique Sanson, Bill s’intéresse très tôt à la francophonie, au point de vouloir devenir professeur de français dans les Midlands anglaises. Parallèlement, il s’investit dans la musique. Autodidacte, il apprend la guitare et le piano et compose rapidement ses premières chansons. Ses influences, outre les artistes français, sont principalement The Kinks et The Stranglers.

Pritchard est profondément inspiré par la littérature et les auteurs humanistes, tels que Vian, Camus ou Oscar Wilde. Il les cite fréquemment et nourrissent ses textes. En 1986 il sort ses premiers singles qui ont une reconnaissance toute relative. Suit son premier LP en 1987 produit par Rod Beale et considéré comme tristounet et sans relief. Pritchard décide alors de s’occuper lui-même de ses prochains opus de la création à la finition. En 1988, il sort "half a million", album plus politisé, en rapport avec le demi-million de sans-abris vivant en Grande-Bretagne. Cette même année, sa rencontre avec Etienne Daho débouchera sur la production conjointe de son 3^e LP "Three months, three weeks and two days", qui sera une réussite. Deux ans plus tard il sort "Jolie", beaucoup plus nostalgique et moins commercial, avant de faire une pause musicale jusqu’en 1998, date à laquelle il revient avec un album de très bonne facture et résolument plus rock. Pritchard s’enferme alors dans un silence radio jusqu’en 2005, puis rebelotte jusqu’en 2014, où il décide de reprendre du service avec des albums beaucoup plus intimistes. Son dernier opus en date est sorti en 2019 avec le concours de Frédéric Lo dans la production et les arrangements.

Three months, three weeks and two days est en fait une allusion à la durée de son premier mariage. Autrement dit, pas une franche réussite…. ! On sent tout de suite la patte d’Etienne Daho sur les deux premières chanson Tommy&Co. et Invisible State. Sorte de mixe Rock et New Wave avec une voix suave et délicate. Pritchard mélange avec subtilité des ballades mélancoliques et agréables (Sometimes, Cosy Evenings et We were lovers) avec d’autres chansons beaucoup plus rythmées et rapides (Nineteen, Pillow Talk et Kenneth Baker). On sent que la mayonnaise a bien pris entre Pritchard et Daho, qui nous offrent une galette agréable, sur laquelle aucun morceau n’est à jeter ou ennuyeux. On aurait presque l’impression d’être déçu qu’elle se termine.

Pritchard, qui a composé toutes les paroles, nous offre un album nostalgique et contestataire. Il évoque la fuite du temps dans les chansons "Tommy & Co, Cosy Evening et Sometimes". Il revient sur la maladie d’Alzheimer dans la chanson "Nineteen" et tire à boulets rouges sur le ministre de l’Education de l’époque Kenneth Baker. Il en tire tellement que la chanson s’emballe frénétiquement sur la fin…. Un délice…. ! Il n’oublie pas non plus ses références littéraires qu’il cite dans "We were lover" et son amour pour la francophonie en incluant deux titres en français dans le texte "Romance sans paroles" et "Je n’aime que toi".

Bref vous l’aurez compris une belle découverte que cet opus de Bill Pritchard sorti en 1989 et qui malheureusement n’a pas eu la reconnaissance qu’il aurait dû avoir. Je vous invite à découvrir la chanson Nineteen ci-dessous et vous donne rendez-vous tout prochainement pour un nouveau dépoussiérage. Keep on rockin’ and save the vinyls…. !